Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/355

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— Oui, déclare Totole, nous voulons faire sauter le Panthéon !

Totole est un chef de bataillon qui a une influence sans bornes sur ses compagnies, quoiqu’il soit gavrochien au possible ; mais il a fait des pieds de nez et dit zut aux Allemands avec tant de crânerie, pendant le siège, il a été si rigolo et si héroïque, qu’on l’a élu à l’unanimité.

Son idée a été accueillie par des hurrahs d’enthousiasme.

— Ce n’est pas vous qui défendrez le monument, m’a dit Totole ; les monuments, pour Vingtras… Oh ! la ! la ! C’est lui qui s’en fiche, des temples de la gloire et des boîtes à grands hommes ! Pas vrai, citoyen ?… Allons, voyons à faire écarter tout ce monde-là !…

J’ai eu une peine terrible à retenir Totole et à lui expliquer que, quoique n’aimant pas les monuments, je ne demandais pas qu’on se servît d’eux pour tuer la moitié de Paris.

Mais ils sont têtus en diable, et, malgré tout ce que je puis leur raconter, la mort du Panthéon est résolue. Au mur, le Panthéon !

Et, pendant qu’on y est, au mur aussi Saint-Étienne-du-Mont et la Bibliothèque Sainte-Geneviève !… ça ne coûtera pas plus !


Nous avons dû nous mettre à quatre ou cinq — et des gros bonnets — le maire en tête, quelques com-