Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/364

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il s’en est vanté au dernier moment, et est tombé en hurlant : « À bas la Commune ! »

L’autre s’est défendu d’avoir trahi, et a demandé à être conduit auprès des autorités. Il parle en rentier du Marais.

— Je ne me suis jamais occupé de politique !

— C’est pour cela que je te tue ! a répondu un combattant qui avait reçu dans la patte gauche une balle, une heure avant, mais qui, de la patte droite, a braqué son revolver sur celui qu’on traînait.

Et il allait tirer, quand on a décidé qu’on ne pouvait pourtant pas exécuter sans preuves, et qu’il fallait mener l’autre au Salut public, comme il le réclamait en pleurant.


— Ceux du Comité le laisseront… aussi sûr que j’ai cinq doigts de perdus ! a grogné le blessé en agitant son moignon ganté de rouge. Les gens qui ne s’occupent pas de politique !… Mais ce sont les plus lâches et les plus coquins ! Ils attendent, ceux-là, pour savoir sur qui ils baveront ou qui ils lécheront, après la boucherie !

Et il a couru, blême de rage, vers l’escorte du prisonnier — perdant en route les chiffons qui entouraient sa plaie et ne les ramassant pas, déposant seulement sa main, comme un gros caillot de sang, dans la poche de sa vareuse.


Terrible à voir, cette noyade d’un homme dans