Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/367

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était un farouche dans les réunions — et partisan acharné surtout de l’union libre.

Il avait femme illégitime, mais qu’il adorait, et qui le faisait tourner comme un toton ; il répondait aux bourrades par des tendresses d’enfant ! On se raccommodait vite, la commère n’étant pas méchante, et il était touchant à voir, ce petit merle roucoulant sous l’aile de cette grosse poule.

C’est ce merle-là qui vient de se hérisser, et de siffler à l’oreille du prélat, dans le chemin de ronde, la chanson blagueuse de son impiété.


Lefrançais, Longuet, moi, nous sommes devenus pâles.

— Et de quel droit, au nom de qui a-t-on tué ? La Commune tout entière sera responsable de cet égorgement ! Nous avons des éclaboussures de leur cervelle sur nos écharpes !

— Ferré a signé l’ordre ; Ranvier aussi, dit-on.

Est-ce bien vrai ?…


De Ferré cela ne m’étonne point. Je l’ai rencontré, après qu’il venait de faire justicier Veysset et de regarder le macchabée exécuter, du haut du Pont-Neuf, un plongeon dans la Seine. Il était tranquille et souriant.

C’est un fanatique. Il croit à la force et en use, sans se soucier d’être cruel ou généreux.

Il « nivelle » les désarmés comme les autres, indis-