Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/372

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L’ancien s’est arrêté pour reprendre haleine, et, brandissant son fusil de ses mains ridées, il répète à son tour : « À mort ! à mort ! »

— Comment ! vous aussi !…

Il me bouscule comme un fou.

— Allons ! laissez-moi passer ! ils sont une soixantaine ?… C’est mon compte ! c’est juste soixante hommes que je viens de voir fusiller, après qu’on leur avait promis la vie sauve !

— Écoutez-moi !

— Foutez-moi la paix ou je vous tire dessus !

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Un feu de peloton, quelques coups isolés d’abord, puis une décharge longue, longue… qui n’en finit plus…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Des fédérés reviennent en causant.

Devant la table d’un petit café, le vieux est assis, s’épongeant le front. Il m’appelle.

— Je vous ai brutalisé tout à l’heure, mais maintenant que c’est fait, on peut se dire bonjour tout de même. Oh ! mon cher, je me suis revanché ! Si vous aviez vu Largillière ! il sautait comme un lapin.

Largillière !… Ah ! je l’avais bien deviné !


— Mais les autres !

— Les autres ! ils ont payé pour la trahison de la rue Lafayette. Ce n’est plus de la politique, ça, c’est