Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/74

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J’ai pourtant vu des menottes câliner ce visage-là.

La première fois que je le rencontrai, il portait dans ses bras une enfant qui pleurait (la mère étant malade ou partie) et c’était lui qui faisait la maman et essuyait les larmes.

Il m’en vint un petit brouillard aux paupières, à moi aussi.

Je l’aidai à amuser la fillette qui, au bout d’un moment, se consola en tirant les cheveux du père — de drôles de cheveux, avec leur mèche vrillée qui faisait ressort sous les doigts mignons.


Rochefort écrivait des vaudevilles, en ce temps, avec un vieux bouffon. Il a fait du chemin depuis.

Il est devenu égratigneur d’Empire ; il égratigne avec son esprit, son courage, ses crocs, ses ongles, son toupet, sa barbiche, avec tout ce qu’il a de pointu sur lui, la peau des Napoléon. Et cela, en ayant l’air de s’en défendre, sans paraître y toucher : bélier à la corne sournoise, régicide à coiffure de pitre, abeille républicaine à corset rouge, qui s’est faufilée dans la ruche impériale et y tue les abeilles à corset d’or, frissonnantes sur le manteau de velours vert.


On se le dispute, dans les journaux. Voilà qu’il vient d’être enlevé au Figaro par le Soleil, et le Figaro ne sait à quel saint se vouer.

— Vingtras, voulez-vous prendre sa place ? me crie à brûle-pourpoint Villemessant.