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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/29

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un culte pour la place et il était toujours au mannezingue du coin, d’où il partait tous les soirs soûl comme la bourrique à Robespierre, en insultant la veuve Capet. Je le trouverai peut-être le nez dans son verre, et il me mettra, en titubant, sur la trace de mon ami.

Hélas ! le marchand de vin est démoli. C’est tombé sous la pioche, et je ne vois qu’un tireur de cartes qui m’offre de me dire ma bonne aventure.

« Combien ?

— Deux sous, le petit jeu. »


Je tire une carte — par superstition — pour avoir mon horoscope, pour savoir ce que je vais devenir. Deux ou trois personnes en font autant.

Au bout de cinq minutes, l’homme nous racole, une bonne, deux maçons et moi, et nous fait marcher comme des recrues que mène un sergent, jusqu’au mastroquet voisin. Là, nous regardant d’un air de dégoût :


« L’as de cœur !

— C’est moi qui ai l’as de cœur.


— Monsieur, me dit le sorcier en m’attirant à lui, voulez-vous le grand ou le petit jeu ? »

Je sens que si je demande le petit jeu il me prédira le suicide, l’hôpital, la poésie, rien que des malheurs ; je demande le grand.

« Quinze centimes en plus. »

Je donne mes vingt-cinq centimes.