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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/332

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Monnain la lit avec des soubresauts et finit par la jeter sur la table.

« Je ne peux pas publier ça ! Tu éreintes Nisard ! C’est mon protecteur à l’école et je compte sur lui pour me faire recevoir à l’agrégation… »

Pourquoi ai-je mis les pieds dans ce métier ! Mon père ! pourquoi avez-vous commis le crime de ne pas me laisser devenir ouvrier !…

De quel droit m’avez-vous enchaîné à cette carrière de lâches ?…

« Laisse donc ta sacrée politique de côté, et fais de la copie pour le pognon. »

Soit ! je travaillerai pour le pognon.

Je laisserai aller de la prose qui sera tout simplement une traînée d’encre, mais par exemple je ne signerai pas !


Une semaine pourtant — celle où l’on a enterré un réactionnaire célèbre de 48 — je suis sorti de mon insouciance et de mon dégoût, et j’ai demandé à avoir le champ libre — je signerai cette fois, si l’on veut !

— Vas-y !


Ah bien oui ! J’ai encore mis des mots qui font bondir Monnain.

« Je ne croyais pas que tu prendrais le sujet aux entrailles ! On tuerait la revue, si elle imprimait ton appel à la révolte. »

On tuerait ta revue ? Eh ! elle mourra, ta revue ! Elle mourra d’insignifiance et de lâcheté. Ne valait-il