rissent où hurlaient des hommes d’avant-garde ! Cette maison, où l’on cassait la coquille aux préjugés, a pris pour enseigne : À la renommée des escargots.
L’hôtel Lisbonne est mort.
Chacun est allé de son côté ; Royanny a pris pour maîtresse la fille de la concierge et vit avec elle, comme un bourgeois, dans le coin de la rue Madame.
Voilà ce qu’est devenu Royanny ! Ainsi s’en vont les tapageurs d’antan ! Du reste Royanny voulait être notaire ; il n’était échevelé que par complaisance, et se promettait bien d’être chauve, au besoin, — ses examens une fois passés, — si cela lui était utile pour avoir une étude achalandée.
Matoussaint, lui, s’est attaché au tombeau d’un philanthrope, d’un homme de bien, qui distribuait des soupes dans la rue, et à qui sa famille veut élever une statue ; elle a pensé qu’un livre, où seraient les anas de sa bonté, aiderait à consolider la gloire du défunt, que sa renommée tiendrait là-dedans comme une cuiller dans une soupe d’auvergnat, et c’est Matoussaint qui a été chargé de tremper le bol. Il s’en acquitte consciencieusement, écumant les bonnes actions, les traits de charité qui surnagent dans la vie du défunt, comme des yeux sur un bouillon.
Il vit chez les héritiers, où il est très bien, sauf qu’on est obligé de manger la soupe à tous les repas — par respect pour la mémoire du philanthrope — ce qui lui fait venir du bedon. Matoussaint le cache en vain ; il a du bedon, ce qui ôte beaucoup d’étrangeté à sa physionomie.