Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est décidé — Mercredi. Citoyens, voulez-vous Mercredi ? (Oui ! oui ! ) À Mercredi !


Mercredi.

Aujourd’hui la manifestation !


Nous sommes sur la place du Panthéon. L’hôtel Mouton est en avance d’une heure ; personne ne se montre encore.

Le ciel est gris, le soleil se voile.

On vient lentement, regardant de loin s’il y a du monde, les uns par modestie, les autres par timidité, tous par peur de ne pas être dans la tradition. Enfin, la place se garnit et l’on est déjà une cinquantaine devant l’École de droit.


On est prêt ! En avant !

Nous descendons en silence — la consigne a été de ne pas jeter un cri et on l’observe comme des gens de caserne ou d’église.

C’est même un peu triste, cette promenade sans bruit et sans drapeaux.

Les drapeaux, comme les cris, ont été défendus ; d’abord il n’y avait pas de drapeaux ; on aurait été obligé de les faire faire. Il fallait commander l’étoffe et les ourler. Mais il n’y en avait pas de tout prêts, comme je le croyais d’après les livres, pas de drapeaux des écoles, pas un.

On dirait qu’il pleut !