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Page:Vallès - Les Réfractaires - 1881.djvu/101

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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

qui distribue donne à ceux que Chaque recommande une cuillerée de bouillon et un morceau de plus. Aux grandes fêtes, on l’invite, et on se l’arrache pour le 15 août.

La maison de jeu lui fournit, au matin, le biscuit des décavés fondant dans le madère ou émietté dans le malaga. C’est un bon point pour la journée. Tonifié dès l’aurore, il peut avec ce réconfortant attendre que le dîner arrive.

Les lycées l’ont nourri sept ans, de 1845 à 1852. Modeste, révoqué d’ailleurs, ne pouvant répandre les bienfaits de l’éducation dans les classes purement aristocratiques, il se contentait d’apprendre à lire et compter aux domestiques du lycée Henri IV.

Le concierge était un de ses élèves et le lampiste lui a fait honneur.

Presque tous les subalternes, du reste, venaient lui demander des leçons ou un service. On le chargeait d’écrire les lettres aux parents ou à la bonne amie. En échange, de tous les réfectoires lui arrivaient des rogatons, du pain, des fruits. On lui apportait des casseroles de riz, du mironton, qu’il vidait dans sa redingote et emportait avec le jus et le beurre chez lui. Non seulement il mangeait, mais il pouvait même inviter, recevoir ; on trouvait toujours un peu de sauce dans ses poches.

Les jours de sortie, il était correspondant.

Chaque rôdait au coin des rues qui avoisinent le lycée, et quand des taupins en goguette, qui avaient lâché leur correspondant pour aller Dieu sait où,