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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

née par les banquiers du judaïsme, lui trempent pour un sou une soupe énorme.

Il a sa bouchée de pain à la communion des protestants, et il communie, suivant sa faim, le même jour, dans tous les temples de Paris.

Il mord, avec la foi d’un fils, dans le pain bénit que la religion apostolique offre aux grand’messes, et les jours de cérémonie, les dames pieuses de Saint-Séverin, Saint-Sulpice, Saint-Thomas d’Aquin n’ont pas assez d’éloge pour sa piété, il n’est bruit que de son assiduité dans les sacristies.

Il n’est venu qu’un Mormon en France. Chaque a trouvé moyen de le connaître, et de dîner avec lui pour se faire expliquer la religion. Il le traîna jusqu’à minuit dans les cafés, sous prétexte qu’il n’était pas encore converti.

Mais où il glane maintenant, c’est sur le chemin du cimetière.

Il a adopté de préférence Montparnasse où sont enterrés les gens des classes simples ; il se poste sur le chemin des enterrements.

Quand un convoi passe, l’ancien Pallicare, le mouchoir aux yeux, tête nue, se mêle, recueilli et grave, au groupe triste des assistants, et, remontant jusqu’aux héritiers, il parle de la personne qui n’est plus.

« Elle avait des vertus sérieuses, dit-il en retenant