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LES VICTIMES DU LIVRE.

belle étrangère qu’elle ne sera que détroussée, lui offrant le bras pour passer au salon de la caverne. Des brigands qui ont des salons, des habits bourgeois, qui vont entendre lire leur condamnation à mort par le crieur public sur la place de la ville, qui s’évadent par les toits, les caves, sur le dos de leurs confesseurs, rient au nez de leurs juges et montent au pilori en martyrs…

Comme c’est toujours à la veille de se retirer ou de céder son fonds au lieutenant que le capitaine est pincé, on se promet bien de partir la veille et d’aller quelque part, bien caché, mener la vie du brigand honoraire qui a le sac sans la corde — quitte à faire dire des messes et à fonder un prix de vertu pour étouffer le remords.

Cette vie d’aventures hardies et d’évasions miraculeuses, couronnée d’une bonne retraite, n’a rien que de fort agréable, et je sais bien que si, en quatrième, on m’avait offert un engagement dans une troupe convenable, avec espoir d’avancement et des feux, j’aurais signé des deux mains, et j’aurais peut-être envoyé mon traité à ma mère.


L’HISTOIRE DE JEAN BART.

Jusqu’à présent le mal n’est pas grand.

On a beau tout faire pour s’égarer, la bonne vous retrouve toujours. On n’a pas, comme cela, la chance