Vous souvient-il de ce temps-là et de cette jeunesse — qu’on dépensait, faute de mieux, en compagnie de quelques pauvres filles qui en vivaient aussi de la bohème, en attendant qu’elles en mourussent : la pauvre Maria, Andrée la folle, et Fleurinette, si heureuse quand elle crachait le sang, comme Mimi ?
Tristes, faut-il le dire maintenant, ces amours qui avaient faim ! — Triste toute cette vie de misère fiévreuse et d’insouciance fanfaronne : vie d’été, qu’il faut peut-être mener avant l’autre, la vie d’hiver ; mais qui ne doit avoir qu’une saison.
On scandait encore le refrain qu’on n’en avait déjà plus ni l’air ni la chanson.
Que de temps perdu ! — Quoi de fait ? — Un dîner sur l’herbe dans un coin de toile, un bout d’idylle ou de sonnet, quelques iambes rougis au feu des émeutes, tout commencé, rien de fini… que la jeunesse ?
Le voici venir maintenant, derrière ces gens de printemps et de vers, cet homme en prose :
BALZAC.
Ah ! sous les pas de ce géant, que de consciences