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D’UN JEUNE HOMME PAUVRE.

y a donc des gens, au dix-neuvième siècle, après soixante ans de révolution, après les cas d’asphyxie signalés de toutes parts, qui viennent demander du faisan dans les restaurants à 32 sous ?

LE VER SOLITAIRE.

Si aveugles que soient les potages, si faisandé que paraisse le faisan, la vue des plats qui passent met le ventre de belle humeur, les grosses dents se rejoignent, l’estomac tressaille. Le ver solitaire se démène. Tout homme de lettres porte en lui de douze à quinze mètres de ver solitaire. Il ne rend le dernier centimètre que le jour où il est arrivé. Les bonnes femmes nourrissent le leur avec du lait, nous tuons le nôtre avec de l’encre.

On songe donc à faire comme tout le monde, à dîner ! On se dirige machinalement du côté de l’hôtel, vers la pension.

Point de lumière ; le silence ! Un frisson vous court dans le ventre… C’est le lasciate ogni speranza du Dante… c’est le règlement de la table d’hôte.

On ne dîne pas le dimanche !

Reste l’ami calicot ou pion qui vous a donné rendez-vous sous l’Odéon à sept heures pour passer la soirée ensemble en prenant quelque chose. — Les esclaves ont toujours de l’argent dans leurs bottes. —