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Page:Vallès - Les Réfractaires - 1881.djvu/27

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LES RÉFRACTAIRES.

rents, ils brochent tout cela si l’occasion se présente. Compliments, épigrammes, chansons pour Paris et les départements ; — deux louis pour quatre couplets contre la femme du notaire ou sur la bonne du juge de paix.

Et le courant !… les volumes qu’on lave, ceux qu’on blanchit, thèses, souvenirs, voyages, impressions d’idiots…

Une préface aux poésies d’un petit jeune homme, c’est vingt francs ; au bouquin d’un maniaque, c’est quarante.

Il y en a qui font les livres des autres, tout entiers, pour un morceau de pain ; six mois de nourriture, deux termes payés !

Ceux qui ont une belle main vont copier chez Panisse ou chez Capitaine ; en travaillant onze heures, on se fait cent sous.

Enfin deux industries fameuses, celles des passeurs et des bondieusards.

Les passeurs, des fils de boulangers qui veulent bien, à six cents francs, passer le baccalauréat pour des vicomtes, se substituer à eux pour leur avoir ce parchemin qu’ils ne peuvent gagner eux-mêmes ; métier dangereux depuis que la cour d’assises s’en mêle !

Les bondieusards, profession qui n’est pas dans le dictionnaire, ni dans le paroissien. La bondieuserie, cependant, fait vivre plus d’un chrétien. N’importe qui pouvait faire cela, pourvu qu’il ne fût pas peintre.