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LE BACHELIER GÉANT.

Il fallut faire revenir Violette, et, un matin, la pauvre petite nous arriva dans un trou d’auberge.

Elle me ressemblait, dit-on, et Bêtinet le faisait remarquer en ricanant : il la détestait pour cette raison, et Rosita n’osait l’embrasser devant lui.

Elle ne vécut pas longtemps, Dieu merci ! mais ce fut hélas ! un horrible drame.

Nous nous étions rendus à la foire voisine pour chercher de l’ouvrage ; mais tous les cadres étaient remplis et ma spécialité était prise.

La vogue était à un géant qui mesurait sept pouces de plus que moi, ce qui valait plus que tous les diplômes et enfonçait le baccalauréat. Il était descendu un matin de sa montagne, en sabots, et avait simplement planté là, derrière un rideau, son grand cadavre ; déjà la recette lui allait au genou.

Rosita et Bêtinet auraient pu trouver un engagement pour la parade, mais il fallait se séparer, et nul ici ne le voulait ; ni Bêtinet, dont la paresse était en garde, ni Rosita qui pensait d’après lui, ni moi qui aurais tout fait plutôt que de les quitter.

Heureusement, au bout du champ de foire, se trouvait une ménagerie dont le dompteur venait d’être affreusement mutilé.

On nous offrit, à Rosita et à moi, de remplacer le dompteur : nous entrerions ensemble dans les cages.

Cela vous étonne qu’on nous ait fait d’emblée une pareille proposition, et que nous ayons pu accepter ?

— Vous encore, mais Rosita….