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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

rente-Inférieure qui envoya, le premier, le prince comme représentant à la Chambre. Poupelin conduisit au vote trois villages. À l’époque de l’élection présidentielle, il soutint en faveur du candidat illustre des luttes pleines de gloire et de périls. On faillit l’assommer deux ou trois fois. Il ne pouvait pas rendre les coups de poing qu’il recevait, puisqu’il avait les bras trop courts. Enfin, couvert de bosses, noir de coups, il vit de ses yeux pochés le nom de son protégé sortir de l’urne.

Le Prince Louis-Napoléon Bonaparte était président.

H.-J.-P. Poupelin était ruiné.

La propagande veut des frais, ou plutôt la gloire coûte cher. Pour se faire un nom et dresser un piédestal à son éloquence, Poupelin parlait au peuple du haut de ses propres barriques, qu’on remplissait avant et qu’on vidait après. Il donna même des banquets, et, chaque fois qu’il tuait un cochon, il envoyait du boudin aux impérialistes.

Son petit avoir fut ainsi entamé, hypothéqué bientôt, et il lui suffit, quand il était à Paris, de quelques emprunts faits dans le pays pour achever de le ruiner. Mais Poupelin croyait qu’au lendemain de la victoire, on ne l’oublierait pas, et il ne lésinait point. Son