Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/11

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« Tu as donc l’intention de partir, vénérable ? — Oui, laïcs, je m’en vais aller saluer le maître. »

Alors les gens le supplièrent de mille manières et voyant qu’ils ne réussissaient pas, ils prirent congé du thera, l’accompagnèrent à mi-chemin, puis s’en retournèrent en pleurant. Le novice Pâlita tenait l’extrémité du bâton du thera et marchait bien au milieu du chemin, et ils arrivèrent dans une forêt à l’endroit qu’on appelle Kaṭṭhanañgara où avait habité autrefois le thera. Comme ils s’éloignaient de cet endroit, voici qu’ils entendirent le son de la voix d’une femme qui chantait en ramassant du bois dans cette forêt.

Il n’y a pas de son capable comme la voix d’une femme de troubler le corps entier des hommes. C’est pourquoi le Bienheureux lui-même a dit : Ô bikkhus ! je ne connais aucun son qui s’empare de l’âme d’un homme comme ceci : savoir, la voix d’une femme.

Le novice, pris d’amour pour la femme, lâcha le bout du bâton et dit : « Restez là, ô vénérable, j’ai affaire » et il alla auprès d’elle qui le voyant resta silencieuse, et avec cette femme Pâlita perdit sa vertu. — Le thera de son côté pensait : « C’est le son d’un chant qui se fait entendre, certainement c’est une voix de femme ; évidemment le novice aura perdu sa vertu. »

Le novice après cela revint en disant : Allons-nous-en, vénérable, dit-il, mais le thera lui demanda : « Es-tu tombé en état de péché, novice ? » Celui-ci demeurait muet, quoique interrogé à diverses reprises et ne répondit rien ; le thera dit alors : « Un pécheur tel que toi ne doit pas tenir le bout de mon bâton. » Pâlita troublé enleva son costume religieux et revêtit celui de maître de maison : « Vénérable, d’abord j’étais novice, maintenant je suis devenu maître de maison. Je n’étais pas devenu moine par foi, mais par crainte des dangers de la route. Allons-nous-en. — Longue vie à toi, un mauvais maître de maison est un pécheur, un mauvais novice est un pécheur. Toi-même dans la condition de Samaṇa tu n’as pas su être vertueux. Comme maître de maison qu’est-ce que tu feras de bon ? Un pécheur tel que toi ne doit pas tenir mon bâton. — Mais, vénérable, le chemin est