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CONTES BOUDDHIQUES




I


LÉGENDE DE CAKKHUPÂLA


COMMENTAIRE DU VERS I DU DHAMMAPADA[1]


Tout ce qu’on est est fruit de l’esprit, a pour essence l’esprit, est fait de l’esprit. Si quelqu’un parle ou agit avec un esprit mauvais, alors le malheur le suit comme la roue suit le pied de la bête attelée.


Cet enseignement du Dhamma où a-t-il été dit ? À Sâvatthi. Concernant qui ? Concernant le thera Cakkhupâla.

Il y avait à Sâvatthi un chef de famille qui s’appelait Mahâsvaṇṇa, qui avait beaucoup de biens, de jouissances mais point de fils. Or, étant allé un jour à un tîrtha pour se baigner, comme il s’était baigné et revenait, il vit au milieu du chemin un arbre à branches très étendues.

« Cet arbre est sans doute possédé par une grande divinité », pensa-t-il, et il en fit nettoyer la partie inférieure, fit construire un mur tout autour, répandit du sable, planta un étendard et orna l’arbre : « Si j’obtiens un fils ou une fille, je vous rendrai de grands honneurs. » Sur cette promesse, il s’en alla. Dans le sein de son épouse voilà que fut conçu un enfant. Lui fit la cérémonie de la conception. Quand dix mois furent écoulés, la femme mit au monde un fils. Le marchand, qui avait obtenu ce fils pour avoir protégé l’arbre, lui donna le nom de Pâla. Une autre fois, il eut un autre fils et comme il l’avait appelé Cullapâla (petit Pâla), il appela

  1. D’après les notes prises à la conférence de M. Sylvain Lévi à l’École des Hautes-Études, 1890-91 ; v. Dhammapada, éd. Fausböll, Hauniae, MDCCCLV, p. 77-93.