Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/37

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puissante en Italie, dit un illustre historien[1], il fut de ceux qui la rendirent moins vénérable en Europe. »

Ce sont sans doute ses railleries piquantes à l’adresse des moines, des décrétales, des décrétalistes et de la constitution ecclésiastique, qui ont fait prétendre que Rabelais voulait détruire toute autorité religieuse. Défenseur fidèle du principe d’autorité en religion comme en politique, il tend seulement à réformer les abus qui nuisent à l’autorité même, et n’est pas plus l’ennemi de la vraie religion qu’Aristophane ne l’était des dieux d’Athènes, lorsqu’il se moquait, dans ses comédies, du ridicule travestissement dont on les affublait.

Panurge[2] n’est pas une création de Rabelais ; il l’a emprunté de Folengo ; mais il lui a donné un air de grandeur et un caractère de franchise qui le distinguent de l’aventurier italien Cingar et en font un type français. Sans le céder en ruses à ce personnage, il rougirait de détrousser comme lui les religieux, de s’emparer de leurs habits et de s’en revêtir pour jouer le saint homme et mieux

  1. Mignet. Rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Introduction, page 52.
  2. Propre à tout faire.