Page:Vallory - Mme Hilaire.pdf/15

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vous, une politesse exquise qui séduit tout d’abord. Votre style est délicieux de grâce, de fraîcheur ; il sème autour de lui tout un bouquet champêtre : la délicate bruyère, le tendre myosotis, l’innocente pâquerette. Il semble qu’on se promène à travers les sentiers embaumés d’une idylle. Mais peu à peu l’illusion cesse, une vague tristesse s’empare de tout l’être, quelque chose de froid, de décevant, serre le cœur et l’on s’écrie : Lui aussi ne nous comprend pas… ne nous comprend plus…

En voulant idéaliser la femme, vous en faites un être tellement nerveux et frêle qu’on ose à peine y toucher. Il en est de votre étude comme des vierges de l’école mystique de Van Eyck ; elles ont quelque chose de si délicat, de si chaste, de si peu terrestre, qu’on souffre en les regardant. Leurs têtes semblent ne pas tenir à leurs corps aériens, et si la grâce reste, la force, qui est la vie, manque complétement.