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BLASONS ANATOMIQUES

BLASON DE LA LARME

S[c]æve.


Larme argentine, humide et distillante
Des beaulx yeulx clairs, descendant coye, et lente
Dessus la face, et de là dans les seins,
Lieux prohibez comme sacrez, et sainctz ;
Larme qui est une petite perle
Ronde d’embas, d’enhault menuë et gresle,
En esguisant sa queuë un peu tortuë,
Pour demonstrer qu’elle lors s’esvertuë,
Quant par ardeur de dueil, ou de pitié
Elle nous monstre en soy quelque amitié ;
Car quand le cueur ne se peut descharger
Du dueil qu’il a, pour le tout soulager,
Elle est contente issir hors de son centre,
Où en son lieu joye après douleur entre.
Larme qui peult ire, courroux, desdain,
Pacifier, et mitiguer soubdain,
Et amollir le cueur des inhumains,
Ce que ne peult faire force de mains.
Humeur piteuse, humble, doulce et benigne,
De qui le nom tant excellent et digne,
Ne se debvroit qu’en honneur proferer,
Veu que la mort elle peult differer,
Et prolonger le terme de la vie,
Comme l’on dit au livre d’Isaie.
O liqueur saincte, ô petite larmette,
Digne qu’aux cieulx (au plus hault) on te mette,
Qui l’homme à Dieu peulx reconcilier,
Quand il se veult par toy humilier.