Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
BERRY

BALLADE DU LIEU DE BOYCEREAU, PRÈS D’ISSOUDUN, À ROBERT CORBIN, SEIGNEUR DUDICT LIEU


Sur Hélicon les neuf sœurs bien aprises
Vindrent un jour disputer haultement
Du lieu où sont grands delices comprises ;
C’est Boycereau remply d’esbatement,
Et de ce lieu firent un jugement
Qu Helicon n’ha delices tant difuses
Parquoy d’aller conclure promptement
Au Boycereau, lieu sacré pour les Muses.

Là, les neuf sœurs, de grand soulas esprises,
Font resonner maint divin instrument,
Et qui la cause est de leurs entreprises.
C’est le doulx air de ce lieu seulement ;
Pan y accourt avec contentement,
Menant Syringue et ses brebis camuses,
Et dict qu’il veult vivre eternellement
Au Boycereau, lieu sacré pour les Muses.

Toi donc, Corbin, que ton nom auctorises,
Par grand sçavoir perpetuellement,
Et qui as bruyt dessus les barbes grises
D’un temperé et parfaict sentiment,
Là, desiré tu es incessamment ;
Sy tu n’y vas les Sœurs seront confuses,
Tout heur viendra par ton advenement
Au Boycereau, lieu sacré pour les Muses.


Prince du ciel, qui generalement
À conserver tes humbles serfs t’amuses,
Mene Corbin et Habert doulcement
Au Boycereau, lieu sacré pour les Muses.

(Le Temple de Chasteté.)