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BOURGOGNE

foule de vocables savoureux un certain nombre d’expressions françaises congénères. M. Fertiault a doublement payé son tribut de reconnaissance au sol qui l’a vu naître en célébrant, soit par l’érudition, soit par un lyrisme approprié, le caractère de sa province. Ses compositions patoiscs ont parfois assez du charme pour qu’on les confonde avec des productions populaires. C’est le plus bel éloge que nous en puissions faire.

Bibliographie. — Alfr. de Martonne, Biographies et Bibliogr. de F. Fertiault et de Mme J. Fertiault ; le Puy, impr. de Marchessou, 1891, in-8o. — Maurice du Bos, Un Poète bibliophile, M. F. F. ; Issoire, Boucheron et Vessely, 1905, in-8o.



L’ÎLE[1]


Mes tableaux d’autrefois ne sont point oublies.
Tout enfant, je t’ai vue étalant ta verdure,
Et, coquette, mirant dans l’eau profonde et pure
Le bataillon chantant de tes fins peupliers.

Mais au temps destructeur tes destins sont liés.
Aujourd’hui l’incurie a rompu ta ceinture ;
Non, plus de frondaisons, d’ombrage, de murmure…
Tes flancs contre les flots n’ont plus de boucliers…

Et de toi ce qui reste est plein de charme encore !
On aime le bouquet dont ton front se décore ;
On court avec plaisir, vieille île, dans ton pré ;
On s’attache à ta rive, où moins de force abonde,
Et ta pointe est toujours pour moi le lit sacré
Où le Doubs à l’eau verte entre en la Saône blonde.

(Le Cher Petit Pays.)
  1. L’île de Verdun-sur-le-Doubs, pays des célèbres « pôchouses ». Les seigneurs de Verdun y avaient leur château. Il y avait jadis un petit îlot en face de la Glacière ; il était séparé de la grande île par le Creux du Moulin, qui était l’endroit préféré par les femmes pour aller, le soir, prendre un bain de rivière. Cet îlot a été détruit pour l’amélioration de la navigation.