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LES POÈTES DU TERROIR

Martyrs, des Mémoires d’outretombe, ont servi de thème à toute l’école littéraire bretonne du xixe siècle. L’une d’elles vaut d’être citée en entier.

« Le printemps en Bretagne est plus doux qu’aux environs de Paris et fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l’annoncent, l’hirondelle, le loriot, le coucou, la caille et le rossignol, arrivent avec des brises qui hébergent dans les golfes de la péninsule armoricaine. La terre se couvre de marguerites, de pensées, de jonquilles, de narcisses, d’hyacinthes, de renoncules, d’anémones, comme les espaces abandonnés qui environnent Saint-Jean-de-Latran et Sainte-Croix-de-Jerusalem à Rome. Des clairières se panachent d’élégantes et hautes fougères ; des champs de genêts et d’ajoncs resplendissent de leurs fleurs, qu’on prendrait pour des papillons d’or. Les haies, au long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette, sont décorées d’aubépines, de chèvrefeuilles, de ronces dont les rejets bruns et courbés portent des feuilles et des fruits magnifiques. Tout fourmille d’abeilles et d’oiseaux ; les essaims et les nids arrêtent les enfants à chaque pas. Dans certains abris, le myrte et le laurier-rose croissent en pleine terre, comme en Grèce ; la figue mûrit comme en Provence ; chaque pommier, avec ses fleurs carminées, ressemble à un gros bouquet de fiancée de village… »

Le pays, « entrecoupé de fossés boisés, a, de loin, l’air d’une forêt et rappelle l’Angleterre… Des vallons étroits sont arrosés par de petites rivières non navigables. Ces vallons sont séparés par des landes et par des futaies à cépées de houx. Sur les côtes se succèdent phares, vigies, dolmens, constructions romaines, ruines de châteaux du moyen âge, clochers de la Renaissance ; la mer borde le tout. Pline dit de la Bretagne : péninsule spectatrice de l’Océan. » (Mémoires d’outre-tombe, t. Ier.)

Bibliographie. — S. Marin, Histoire de la vie et des ouvrages de M. de Chateaubriand, Paris, Vimont, 1832. — Sainte-Beuve, Portr.  contempor., 1846, t. Ier ; Causeries du lundi, 1855, I, II et X ; Chateaubriand et son groupe littéraire, 1860. — {{Mme|Ch. Lenormand, Souvenirs et Correspond., 1859. — Comte de Marcellus, Chateaubriand et son temps, 1859. — Ch. Benoît, Chateaubriand, sa vie et ses œuvres, 1865. — R. Kerviler, Chateaubriand. Esquisse d’une biobibliographie de Chateaubriand, etc., 1896. — G. Pailhès, Chateaubriand, sa femme et ses amis, 1896. — A. Le Brax, Au pays de Chateaubriand, Revue parlementaire, 1901, II, p. 130-141, etc., etc.