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LES POÈTES DU TERROIR

et les manifester « à la face du jour », comme il est dit dans les Triades. Homme de tradition, il regarde vers l’avenir. C’est peu qu’il revendique pour son pays la plupart des libertés inscrites au pacte d’union de 1532 et dont la centralisation jacobine s’ingénie à lui arracher les derniers lambeaux : il veut la langue bretonne parlée par tous les Bretons, épurée, restaurée, rétablie dans ses droits de langue majeure, en possession d’une littérature, d’une morale et d’une sociologie ; il veut les mœurs uniquement réglées par la tradition, la famille fortement constituée et maîtresse de l’orientation intellectuelle de ses enfants. Nourri dans les villes, affublé de la triste livrée moderne, il n’hésite pas à reprendre l’éclatant et pittoresque costume cornouaillais, non par goût du clinquant, — il n’y a pas d’homme plus simple, — non pour se distinguer des « francisants » de Morlaix ou de Saint-Brieuc, mais pour prècher d’exemple, pour affirmer d’une manière plus concrète l’intransigeant particularisme de sa race. Il croit aux destinées de cette race, comme il croit en Dieu ; feuilletez ses livres : vous n’y trouverez pas une strophe, pas un vers qui trahisse le découragement. À d’autres de sonner le glas de la Bretagne ! Lui répète avec une énergic. farouche le vieux cri national des ancètres : Breiz da vinviken ! « Bretagne à jamais ! » Refaire une Bretagne ne lui suffit pas : le mirage du celtisme universel tremble par moments devant ses yeux, donne à certaines de ses paroles je ne sais quel tour augural et sybillin. Et qui sait jusqu’où peut percer le regard de ce voyant ?… »

Bibliographie. — Anat. Le Braz, Préface au Barzaz Taldir, etc. — Charles Le Goffic, ibid.


LE MENHIR Au druide Jean Le Fustec. Prince des grand’landes, je t’aime, ô Menhir ! Je serre en ton honneur les cordes de ma harpe d’acier ! AR MEN-HIR D’an drouiz Iann Ar Fustek. Tiern al lannou don, me da gar, o Men-hir ! Starda’ran evidout kerden ma zelen dir !