GUILLAUME COQUILLART
Nous avons peu de renseignements sur ce poète. On sait, de
lui-même, qu’il était né à Reims en 1421. Il appartenait à une
vieille famille champenoise. Dès 1438, un des siens, son père
sans doute, était conseiller de ville à Reims. Guillaume Coquillart étudia le droit et vint vraisemblablement à Paris. De retour dans sa ville natale, il occupa plusieurs charges importantes et acquit par son mérite une grande réputation. « En
1461, selon Anatole de Montaiglon, il fut chargé, avec trois
autres jurisconsultes, de mettre par écrit la coutume de Reims :
en 1483, il devint chanoine de la cathédrale, et en 1490 passa
official, ce qui lui donna la seconde fonction ecclésiastique du
diocèse. Nommé en 1493 grand chantre et chargé par le clergé
provincial d’aller à Laon ratifier la paix faite avec l’Angleterre, il mourut en 1510, après une carrière bien remplie. Guillaume Coquillart a laissé divers ouvrages où sa verve caustique s’est exercée au détriment des abus et des vices de son
siècle. Les plus connus sont Le Playdoyé et l’Enquéte d’entre la Simple et la Rusée, qui ont fait, avec le poème des Droits nouveaux, l’objet d’une publication spéciale (Paris, s. d., in-4°). On
lui doit aussi un Blason des Armes et des Dames, le Monologue Coquillart, etc., et on lui attribue plusieurs pièces rappelant la manière de François Villon. Les Œuvres de Coquillart ont
paru pour la première fois à Paris, chez Jean Trepperel, en 1493,
in-4° gothique. Une seconde édition donnée en 1532, par Galliot Dupré, est fort recherchée. Elles reparurent, en 1723, par
les soins de Coustelier, avec des remarques de La Monnoye.
Charles d’Héricault les a réimprimées ces dernières années
en les complétant et en les faisant précéder d’une judicieuse
étude dont nous extrayons les lignes suivantes[1] : « On peut
dire de l’écrivain remois qu’il a vraiment le génie de la forme
légère, l’instinct d’une harmonie particulière comparable à la
musique dansante. Jamais homme n’a mieux dépeint d’un mot,
mieux fait un tableau d’une phrase. Tout ce qu’il dit saute aux
- ↑ Œuvres de Coquillart, nouv. édit. revue et corrigée, etc. ; Paris, Jannet, 1857, 2 vol. in-12.