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ANJOU

Osant le faire égal au l[au]rier tousjours verd.
Ne deda[i]gne écouler ces souspirs que j’eslance.

Ne deda[i]gne œillader ces vers, que sur le Clain
Amour me fait écrire en l’honneur de Francine ;
Et, si quelque pitié touche ton cœur humain,

Sur les bords ou du Tibre ou de l’eau dont l’humeur
Première m’abreuva, fay que la voix divine
Les nymphes d’Italie émeuve en ma faveur.


II

Loir, qui léchant les pieds des couteaux Vandomois,
Menes ton eau tardive en la terre angevine,
Si quelquefois Ronsard à sa chanson divine
T’avoit fait arrêter tes flots ravis tout cois ;

Entone, je le prie, dans tes rives ma voix,
Que tristement je pousse, absent de ma Francine,
Et conduy-la si bien sur ton onde azurine
Que sa Cassandre l’oye où bien souvent tu l’ois,
 
Quand du long de tes bords l’herbe verte elle presse,
Seule, te rechantant les vers de son amant.
Qui comme moy se plaint, absent de su maistresse.

Fleuve, dis-luy pour moy : « Tu n’es seule, Cassandre,
Qui consumes un autre et te vas consumant :
Francine, qui me prend, à moi se l[ai]sse prendre. »

(Amours de Francine, l. I et II.)