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Page:Van Daele - Petit dictionnaire de l'ancien français.djvu/6

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Le besoin se fait de plus en plus sentir d’un ouvrage d’ensemble comprenant le plus de mots possible ; à cet égard le lexique ou abrégé du grand dictionnaire de Fr. Godefroy, par J. Bonnard et Am. Salmon, publié en 1901, a rendu d’éminents services. Mais ce lexique qui ne donne que le sens des mots sans souci de leur étymologie prouvée par la phonétique, sans notes morphologiques ni formes dialectales dont les œuvres abondent, tout en étant assez volumineux, ne laisse pas que d’être fort insuffisant et incomplet. L’innovation la plus utile de ce répertoire consiste dans le grand nombre d’expressions et de locutions qu’il cite.

Depuis longtemps je me suis demandé s’il ne serait pas possible de composer un dictionnaire qui contînt la plupart des qualités de ces ouvrages, en complétant les lacunes qu’ils présentent ; je sais qu’un livre de ce genre est demandé par tous ceux qui étudient le vieux français, à l’étranger comme en France. Je me suis donc efforcé de réunir, dans un livre relativement court et facile à manier, les termes les plus usités, le meilleur et le plus indispensable paru jusqu’ici dans les ouvrages généraux et de détail. J’y ajoute, à titre personnel :

1o Une étude approfondie de l’étymologie, grâce à une méthode rigoureusement scientifique, qui m’a permis de découvrir un bon nombre d’étymologies encore ignorées ;

2o Un exposé de toutes les formes de déclinaison et de conjugaison aux différentes époques ;

3o La citation, l’explication au besoin, des variantes dialectales ou orthographiques ;

4o Quantité de locutions et d’expressions à propos de chaque mot, en mettant largement à contribution, outre celles rencontrées dans mes lectures, celles qui figurent dans Bartsch et dans le lexique Bonnard et Salmon ;

5o La disposition des sens des mots dans l’ordre à la fois logique et chronologique.

Je me considérerais comme amplement récompensé de ma peine, si ce « petit dictionnaire » pouvait contribuer à répandre dans le public français le goût de notre vieille langue qui déjà au XIVe siècle était cultivée dans tous les pays de l’Europe, et la lecture de notre littérature du Moyen Age, littérature aussi riche que variée et intéressante, mais à peu près ignorée chez nous.


Besançon, le 28 décembre 1939.H. V. D.