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Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/138

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Vois-tu ce pèlerin cheminer pas à pas ?
Sourd aux chocs des béliers qui battent tes murailles,
Sourd aux cris que tes fils tirent de leurs entrailles,
À travers l’ouragan des flèches et des dards,
À travers les mourants tombant de toutes parts,
Et les morts entassés et le sang qui ruisselle,
Il va toujours, il va. Son regard étincelle.
Bien que l’âge ait blanchi sa barbe et ses cheveux,
Il marche le front haut, le pied ferme et nerveux,
Ayant la majesté de ces vieillards antiques
Qu’Athènes regardait passer sous ses portiques ;
Et, sans le nom du Christ marqué sur tous les grains
Du chapelet qui sert de ceinture à ses reins,
On dirait, à le voir, Nestor le Péliade
Ressuscité du grand tombeau de l’Iliade.
Malgré l’assaut grondant avec ses bruits d’enfer,
L’acier frappant l’acier, le fer frappant le fer,
Les remparts s’écroulant à pans de mur énormes
Sous les chocs répétés des balistes difformes,
Et les clairons poussant leurs souffles furieux,
Il va toujours, il va, l’œil tourné vers les cieux.
La mort a-t-elle peur du passant vénérable ?
Car, bien que sans cuirasse, il semble invulnérable,
Les flèches et les dards l’effleurant par moment
Comme s’ils n’osaient pas le toucher seulement.