Comprennent ce que dit la langue des étoiles,
Que savez-vous du jour que Dieu nous a promis ?
Quand il s’allumera, nous serons endormis.
Fleuves sacrés, ô Nil aimé des pyramides,
Qui vois l’ibis divin hanter tes bords humides ;
Araxe, dont l’Abouz laisse en paix de ses flancs,
Comme un guerrier blessé, couler les flots sanglants ;
Oxus, que profana le coursier d’Alexandre ;
Euphrate, où tant de rois déchus ont vu descendre
Leurs trônes tour à tour de leur base arrachés ;
Gange, qui dans tes eaux laves tous les péchés
Et verses sans relâche aux amphores des brames
Tes ondes que Wishnou sillonna de ses rames ;
Depuis quatre mille ans, fleuves mélodieux,
Vous étanchez la soif des sages et des dieux.
Quel secret entendu sur vos rives antiques
Murmurent à la nuit vos roseaux prophétiques ?
Quels mots mystérieux chuchotez-vous tout bas ?
Poëte, nous rêvons, mais nous ne parlons pas.