La rage des bourreaux, le marteau qui le cloue ;
Mais c’est de te sentir, ô baiser de Judas,
Frissonner sur sa joue !
C’est toi qui mets au front du Christ cette sueur ;
Car la nuit, par moments ouvrant ses sombres porches,
Te voit venir là-bas à la rouge lueur
Des fanaux et des torches.
Or, comme ainsi le Christ gémit, et que ses pleurs
Et le sang de sa face en larges gouttes coulent,
Entendez-vous frémir les herbes et les fleurs
Que ses deux genoux foulent ?
— « Seigneur, disent tout bas les trèfles des gazons,
« Jamais, pour rafraîchir nos feuilles épuisées,
« L’urne des nuits n’a fait couler sur nos toisons
« De pareilles rosées.
« Ce n’est donc pas assez des larmes de vos yeux,
« Perles qui suffiraient pour racheter le monde ?
« Voilà que votre sang, trésor plus précieux,
« Ô Maître, nous inonde.
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