Page:Van Hasselt - Poésies choisies, 1901.djvu/248

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Le passé préparant lentement l'avenir ;
Les peuples tour à tour, les uns sans souvenir
Émergeant du néant comme l'aube de l'ombre,
Les autres sans espoir rentrant dans l'oubli sombre ;
Le fait créant l'idée, et l'idée à son tour
Prenant sa griffe an tigre et son aile au vautour ;
Rien de stable dans rien de ce que l'homme fonde ;
Tantôt le jour vermeil, tantôt la nuit profonde ;
Et, dans tout ce labeur, l'esprit de Dieu qui fait
D'une cause toujours la mère d'un effet.

Lorsque ainsi vous, aurez, dans le champ des idées,
Glané de vos épis les gerbes fécondées,
Dans la foule, ô semeurs austères de clartés,
Rentrez, et répandez le grain des vérités.

Peintre dont l'œil est plein de rayons et d'aurores,
Musicien, rêveur aux visions sonores,
Poëte, tour à tour chantre grave et sereinn
Sculpteur qui fais parler ou le marbre ou l'airain,
Dans la plaine féconde où frissonnent les seigles,
Dans les monts dont les pics portent des aires d'aigles,
Dans l'océan sans borne où règnent les typhons,
Dans les astres qu'on voit peupler les cieux profonds,
Dans la petite fleur qui se cache sous l'herbe,
Dans le chêne qui dresse en l'air son front superbe,
Dans la double splendeur de la terre et du ciel
Contemplez l'idéal voilé par le réel,
Et, le pied familier avec l'inaccessible,
Montrez-nous l'incréé celé par le visible.
Puis donnez-nous un peu de ce calme divin
Que loin de la nature on chercherait en vain.