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Dans l’éternel silence, tout à coup le prince entendit une voix inouïe. Elle venait des profondeurs de son être, et montait sur ses lèvres en chantant. C’était son âme.

Et il fut aussi plein de chansons et de frissons qu’une forêt qui s’éveille.

En ce moment, Saturne reparut. Son visage souriait. Il tenait dans ses mains, comme dans une coupe, quelque chose qui scintillait.

— Maître, dit-il, c’est tout ce qui nous reste, ce petit verbe qui tremble dans mes mains, comme une larme, et bat comme le cœur d’un oiseau de paradis ; c’est J’Aspire. Voyez, je le lève dans la lumière.

Et le prince s’agenouillant, joignit les mains ; et, doucement, il répéta : Dans la lumière… J’Aspire !…