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LA TERREUR DU FOUET

Elle écoutait sa voix rauque, sa voix de rogomme éraillée par l’absinthe, comme la plus délicieuse des musiques. Du moment qu’elle lui plaisait et qu’elle répondrait à ses caresses, il allait, sans doute, l’épargner. De pudeur, elle n’en avait plus du tout. Depuis le premier soir, voici trois mois, que Trichard l’avait battue et violée, la peur avait chassé toute retenue. Chez Mme Klotz, les clients étaient à la fois ravis et mécontents de sa trop grande docilité, car ils voulaient des petites filles consentantes, mais qui, tout de même, savaient se rebiffer. Tandis que Marguerite, obsédée par la terreur du fouet, s’empressait d’aller au-devant de leur désir. Elle en était venue, en si peu de temps, au degré d’indifférence des vieilles professionnelles de la galanterie, n’attachant plus d’autre importance que celle d’une affaire au don d’amour, à l’abandon de son corps. Sinon que devant Trichard elle vibrait comme elle avait vibré devant Georges et, plus encore maintenant, par l’excès de terreur qui dominait ses nerfs et les prédisposait à la joie atroce et délicieuse.