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LA TERREUR DU FOUET

— Viens ici ! Tout de suite.

Elle allait à lui qui, toujours assis sur sa chaise, n’avait pas lâché sa pipe qu’il entretenait par de longues aspirations, d’âcres bouffées qu’il dardait droit devant lui. Il la prenait par la taille, l’asseyait sur ses genoux et il ne cessait de sucer sa pipe que pour lui infliger ses baisers qui sentaient le caporal ordinaire et le trois-six, l’ignoble eau-de-vie de marc du bistro. Il la caressait, la flattait de la main, comme les amants éperdus de tendresse. Elle se cabrait de honte et de dégoût et elle se demandait si ce supplice n’était pas plus intolérable que l’autre, l’atroce, l’épouvantable fessée.

Mais Trichard en prenait à son aise, la pelotait sans un répit. Comme ces attouchements grossiers ressemblaient peu aux effleurements savants et perfides des doigts déliés d’Ernestine !

Enfin, comme une proie, Trichard l’emportait dans ses bras. Il la jetait sur son lit à lui, le lit conjugal où il avait coutume de dormir à côté de la mère, et il posséda Marguerite sans vergogne, en présence de la mère accablée de chagrin et de