États-Unis où il avait essayé tous les métiers. On comprit cela, vaguement, aux deux ou trois mots qu’on réussit à lui arracher par la suite, car dans le premier moment il fut d’une extrême réserve sur tout ce qui le concernait :
— Je suis Juste Herbos, votre cousin… J’arrive…, je n’ai pas le sou. Connais personne !
Tel fut son exorde.
Dans l’ahurissante soudaineté de ce débarquement, les époux Looze avaient perdu la tête ; ils convinrent sans peine de l’identité du cousin, mais ils ne pouvaient juger son irruption chez eux naturelle ou simple. Elle était si imprévue qu’elle les prit de court : aussi, il n’y eut de démonstration ni bienveillante ni hostile. Le voyageur entré, on poussa les verrous et on lui offrit un siège.
— Je suis Juste Herbos, votre cousin ; vous savez, n’est-ce pas ?
Il répéta sa phrase de présentation, plusieurs fois, impétueusement, de l’air d’un poltron révolté, tandis que les enfants tournaient autour de lui, curieux et rieurs.
La famille était à souper, on mit son couvert. Il mangea beaucoup, avec la gloutonnerie d’un fauve depuis longtemps privé. Et, à mesure que sa fringale s’apaisait, il devint plus timide, plus