Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/138

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MM. Bertrand et Vandervelde interpellèrent, à ce sujet, le 28 février 1905.

M. de Smet de Naeyer se borna à répondre que tous les emprunts contractés n’avaient pas été réalisés et dépensés. Mais l’inquiétude persista, dans les milieux parlementaires. Les abus qui se produisaient au Congo, et que l’on dénonçait, à la fois, en Belgique et en Angleterre, créaient, peu à peu, cette opinion que le maintien du statu quo était impossible, que le régime de l’union personnelle était plein d’inconvénients et de dangers, que mieux valait, pour en finir, décider que le Congo, belge de fait, devait, par la reprise, devenir belge de droit.

C’est alors que le Roi, comprenant que l’annexion devenait inévitable, prétendit en fixer les conditions et écrivit aux Secrétaires généraux de l’État Indépendant, le 3 juin 1906, une lettre qui fit grand bruit, précipita la crise et en hâta le dénouement.


§ 3. — La lettre du 3 juin 1906.


La convention de 1890 donnait à la Belgique, en échange de ses avances, le droit d’annexer le Congo purement et simplement. La loi de 1901 lui reconnaissait la même « faculté », et dans sa réponse à une question qui lui avait été faite par la Section centrale de la Chambre, l’État Indépendant avait formellement déclaré que la faculté de reprendre équivalait au droit de reprendre.

Or, dans sa lettre du 3 juin, Léopold II tenait un tout autre langage. Il faisait à la Belgique ses conditions. Il prétendait subordonner la reprise à l’engagement de maintenir, entre autres, la Fondation de la Couronne, qui lui apparaissait comme indispensable à la réalisation de ses projets ultérieurs.

Si mon pays — disait-il notamment — avait le dessein d’entrer, de mon vivant, en possession du Congo, l’État Indépendant,