Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/251

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les nègres travaillent ; très peu, il est vrai, dans certaines régions, mais toujours ils travaillent ; ils vont à la chasse ; ils protègent leurs champs contre les irruptions des animaux sauvages ; ils s’occupent de la récolte, ou ils défrichent le sol ; ils ont toutes sortes d’affaires, importantes pour eux, dans le village, dans la tribu. Il y a même des peuplades qui travaillent comparativement beaucoup dans les champs, comme dans le Togo, ou comme les Wanyamwezi, au sud du lac Victoria. Ce que les nègres ne connaissent pas, ce n’est pas le travail, c’est le salariat. Et la difficulté est de trouver des hommes prêts à travailler pour d’autres.

Mais, dans un pays comme le Congo, où l’agriculture et la cueillette absorbent, et absorberont longtemps encore la plus grande partie des activités, les entreprises où une direction européenne s’impose ne sont, en somme, pas bien nombreuses, et le véritable problème à résoudre, ce n’est pas de développer le salariat, mais d’amener les indigènes à travailler pour eux-mêmes plus et mieux qu’ils ne le font aujourd’hui, et à réaliser, par le commerce, les produits de ce travail.

Or, pour arriver à ce résultat, pour transformer, dans une certaine mesure, leur économie naturelle en économie d’échange, l’État peut utilement intervenir, de deux manières différentes : en développant les moyens de communication et de transport, d’une part, et, d’autre part, en initiant les populations à des cultures ou à des procédés agricoles nouveaux.

Dans ces deux directions, il faut le dire, presque tout reste à faire au Congo.

L’agriculture indigène a plutôt reculé qu’avancé, sous le régime de la contrainte, et si le chemin de fer du Stanley Pool, dont le chemin de fer des Grands Lacs sera l’indispensable complément, fut une des œuvres les plus admirables et les plus grandioses du siècle dernier, la plupart des prétendues routes du Congo ne sont que de mauvaises sentes de caravanes : le vicinal du Mayombe n’est qu’un tronçon, dont le prolongement vers l’Urselia ne suffira pas à rendre le trafic normal ; la fameuse route pour automobiles de l’Uele, au sujet de