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Vivi au Stanley Pool, aux stations du Haut, telles que Bolobo, l’Equateur, Ikoko ou les Falls, et aux établissements de l’expédition Wissmann, dans le Kasaï.

Pour que l’État Indépendant acquière ses limites définitives et occupe réellement un territoire de plus de 1.800.000 kilomètres carrés, il fallut près de dix années encore qui ajoutèrent, notamment, aux possessions effectives de Léopold II, l’Uele et l’Ubangi, les provinces occupées par les Arabes, et, en 1891-1893, ce qui devait être le plus riche morceau de la colonie : le Katanga.

Des publicistes qui, depuis lors, ont sévèrement jugé l’État du Congo, n’ont pas marchandé leurs témoignages d’admiration à ceux qui, pendant cette période, furent au service du nouveau Souverain.

Voici, par exemple, ce qu’écrivait, il y a quelques années, sir Harry Johnston :

« Pour la réalisation de cette œuvre étonnante de découverte, de relèvement géographique, de conquête, de pacification et de développement des moyens de communication, sur ce territoire d’environ un million de milles carrés qui forme l’État Indépendant, jamais souverain et conducteur d’hommes ne fut mieux servi que le roi Léopold, par le grand nombre de Belges, d’Italiens, de Scandinaves qui furent employés à l’établissement et au développement de l’État Indépendant[1]. »

Pendant ces premières années, d’ailleurs, le Souverain continue, en somme, la politique du Fondateur de l’Association internationale. Il apparaît moins comme un autocrate, que comme un délégué de l’Europe, un mandataire des puissances, ayant généreusement assumé, au profit de tous, la tâche onéreuse de faire régner la liberté commerciale et de mettre fin au commerce des esclaves dans toute l’étendue des territoires soumis à son gouvernement.

Certes, tout le monde n’avait pas confiance, et, dès 1885, Onésime Reclus écrivait ces lignes prophétiques :

  1. Johnston, G. Grenfell, I, p. 448.