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En même temps que la reconnaissance du pays, se poursuit son occupation : les missionnaires de Scheut s’établissent à Kwamuth ; Grenfell, Bentley et Comber fondent les premières missions protestantes ; Dhanis, le Clément de Saint-Marc, les frères Lemarinel créent les stations de Popokabaka, Basoko, Kasongo, Banzyville, Yakoma, Lusambo.

Mais, par le fait même que l’État se développe, sa situation financière devient difficile. Si les dehors sont brillants, les réalités sont parfois pénibles. Dans cette colonie sans métropole, sans impôts, et qui ne peut percevoir de droits d’entrée, qui n’a d’autres ressources propres que de faibles droits de sortie ou la vente de quelques pointes d’ivoire, c’est le Souverain, et le Souverain seul, qui comble les déficits. Léopold II y consacre une notable partie de ses revenus ; d’aucuns disent une partie de sa fortune ; mais les millions succèdent aux millions ; les budgets gonflent chaque année, et, à partir de 1891, la guerre arabe, et, surtout, bientôt après, les coûteuses expéditions vers le Nil nécessiteront des dépenses hors de proportion avec les ressources normales de l’État.


I. — La guerre arabe.


On sait qu’en 1887, Stanley avait jugé utile de composer avec les Arabes et de nommer le traitant Tippu Tib vali des Falls. Si discutable que fût cet expédient, il eut pour l’État, encore faible, l’avantage d’ajourner le conflit qui s’annonçait inévitable ; et, lorsqu’en 1891, les hostilités reprirent, le gouvernement Léopoldien se trouva dans de meilleures conditions pour entrer en campagne et, tout en se donnant le mérite de réprimer la traite, anéantit les concurrents redoutables qui lui faisaient échec.

Le livre du Dr Hinde, médecin de l’expédition Dhanis, montre bien ce que fut cette lutte désespérée entre les deux influences qui se disputaient l’Afrique centrale :