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Page:Vandervelde - Les Derniers Jours de l’État du Congo.djvu/13

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Je me suis embarqué pour le Congo, le 23 juillet 1908, accompagné de Fritz Vanderlinden, envoyé spécial de L’Etoile belge. Un peu plus de trois mois après, le 25 octobre, je rentrais à Anvers.

Il va sans dire que, pendant ce cours laps de temps, je n’ai pu parcourir qu’une assez faible partie de notre nouvelle colonie, grande comme quatre-vingt fois la Belgique.

Voici quel fut mon itinéraire : après m’être arrêté deux jours à Boma, la petite capitale congolaise, j’ai fait, avec mon compagnon, une courte excursion dans la forêt du Mayombe, où les plantations de cacao, sans avoir l’importance des plantations de San Thomè, commencent à donner de bons résultats. De retour à Boma, nous avons gagné le Stanley Pool, par le chemin de fer des cataractes. Du Stanley Pool, nous avons remonté le Congo en bateau à vapeur, pendant quinze jours, de Léopoldville au camp de Lisala. Puis, avec escorte et caravane, nous avons pénétré dans l’intérieur et visité la région forestière qui se trouve entre le fleuve et le cours supérieur de son affluent, la Mongala. De là nous avons pris la route du retour et, après quelques jours d’arrêt, pour visiter Brazzaville, les environs du Pool, la mission de Kisantu, je me suis embarqué à Matadi, pour l’Europe, tandis que mon compagnon s’en allait dans le Kassaï.

Je ne m’attendais naturellement pas, au cours de ce voyage rapide, entre deux sessions parlementaires, avoir des choses que d’autres n’avaient pas vues, ou à découvrir des abus que d’autres n’avaient pas dénoncés. Quelques-ans de mes amis pensaient même que l’on s’arrangerait pour ne me faire voir que ce que l’on voudrait bien et qu’en somme je rapporterais d’Afrique beaucoup plus d’idées fausses que d’observations justes.

C’était oublier un peu trop que la population blanche du Congo ne se compose pas exclusivement d’admirateurs de l’œuvre du roi Léopold. A côté des fonctionnaires qui