Page:Vandervelde - Vive la Commune.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pacité notoire ou d’une moralité suspecte, d’autres, par contre, fort capables et d’une honnêteté sans tache.

C’est ainsi que le ministre, ou plutôt le délégué aux Postes et Télégraphes, fut Theiz, un ouvrier ciseleur, qui organisa le service de telle façon qu’au lendemain de la Commune, le gouvernement maintenait les innovations qu’il avait introduites. À la Monnaie fut placé notre vieux camarade Camélinat, ouvrier bronzier, qui laissa, comme trace de son passage, des réformes très pratiques.

L’Assistance publique fut confiée à un autre ouvrier, Treillard, qui, deux mois après, lors de la chute de la Commune, fut fusillé par les Versaillais. Mais avant de mourir, il avait remis à sa femme les 38,000 francs qui restaient dans la caisse qui lui était confiée, et sa veuve, mettant ses habits de deuil pour la première fois, s’en fut porter les 38,000 francs à l’officier qui avait fait fusiller son mari ! En citant cet exemple, n’avions-nous pas raison de crier, à la Chambre : « Saluez, Messieurs de la droite ! » (Acclamations.)

Au Ministère de l’Instruction publique, ce fut autre chose. Le 19 mars, un brave ouvrier cordonnier, ayant trouvé ouverte la porte du cabinet du ministre, s’y installa.

Jules Vallès raconte, qu’entrant au ministère, il y trouva notre homme, en tenue de travail, servi respectueusement par les huissiers à lourde chaîne d’argent. Et le ministre, voyant Vallès, dit à l’un de ces huissiers : « Dis donc, camarade, va-t’en chez le charcutier d’en face chercher pour six sous de hure de cochon. Je m’en vais déjeuner avec mon ami Vallès. » (Rires.)

Quand la Commune fut établie, on choisit un délégué moins fantaisiste, et, en matière d’enseignement, le gouvernement avait élaboré un fort beau programme, mais qui, faute de temps pour être mis en œuvre, resta à l’état de projet.


LES FINANCES DE LA COMMUNE

Je veux vous parler des Ministères des Finances et de la Guerre. Maîtres de la Banque, les Communards avaient à leur disposition trois milliards, dont 800 millions en numéraire ; le reste en papier et en effets de commerce. C’était