À l’endroit où se trouve aujourd’hui un vaste trou béant au fond duquel terrassiers et maçons s’empressent aux fondations d’immeubles futurs, un ancien inspecteur des Beaux-Arts, Martinet, avait eu, vers 1863, l’idée d’installer une salle d’exposition de tableaux. Cette salle, assez modestement décorée, de forme rectangulaire, peu large mais assez profonde, avait été aménagée en même temps pour y donner des conférences sur l’Art.
Je me rappelle même, tout jeune collégien, y avoir entendu Alexandre Dumas père y parler un peu de tout et beaucoup de lui-même, à propos de la vie et des œuvres de Géricault.
Je le vois encore arriver sur l’estrade, avec ses cheveux crépus, déjà grisonnants, et sa bonne figure si ouverte et si gaie. Il avait, pour la circonstance, endossé le frac et s’était encerclé le cou d’une large cravate blanche, mais il était visible que, dans cet équipage, il se trouvait fort mal à l’aise, habitué qu’il était à ne s’asseoir à sa table de travail qu’en manches de chemise. Aussi toute cette correction ne devait-elle pas durer longtemps : au bout de quelques minutes, la cravate flottait à droite et à gauche, si bien qu’il finit par l’enlever tout à fait et la mettre dans sa, poche en disant :
— Après tout, vous n’êtes pas venus pour voir