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Le roman des drames exotiques. MM. Elie Berthet et lél. Mallefille.

S’il y a des titres pleins de promesses et des auteurs capables de les tenir, les amateurs d’aventures terribles peuvent prendre de confiance les Drames de Cayenne, par Elie Berthet[1]. Ils y trouveront toutes les combinaisons désirables des éléments violents de la vie que peuvent mener des aventuriers et des assassins, au milieu des rebuts odieux et redoutés de la civilisation et des dangereux représentants de la vie sauvage. Sur cette terre lointaine, asile du crime plus encore que de l’expiation, les nègres et nos forçats répandent à l’envi la terreur. La ruse et la violence dans l’attaque, le courage et la cruauté dans la défense, des dangers sans cesse renaissants, des marches et des haltes au milieu de mortels ennemis, des rendez-vous et des rencontres pathétiques, des évasions, des traversées dans le désert, enfin, comme dit l’auteur lui-même, des « scènes sans noms ; » voilà ce que nous offre et nous donne le roman de M. Elie Berthet, dont le héros, parti de la Seine-Inférieure où ses crimes l’ont fait condamner aux travaux forcés à perpétuité, revient y mourir, après avoir échappé à toutes les péripéties de l’existence d’un forçat de Cayenne.

Connu surtout comme auteur dramatique, M. Félicien Mallefille, que la mort vient d’enlever, a autrefois un peu cultivé le roman où, du reste, il se distinguait par les qualités qui réussissent au théâtre, l’habileté de l’agencement, l’intérêt des péripéties, sans trop négliger le soin du style. Il est revenu à ce genre, après l’avoir longtemps abandonné, par un récit pittoresque et dramatique, la Confession du Gaucho. Inutile presque de dire le sujet : c’est la peinture de la vie nomade dans les vastes campagnes de l’Amérique espagnole, avec des passions ardentes et d’atroces vengeances. Voici le résumé de sa confession, fait par le moine qui l’a reçue ; c’est l’analyse du livre.

  1. Libr. internat, in-18, 498-500 p.