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Avis contenant la manière de ſe nourrir bien

4°. On réduit pareillement en petits morceaux les Carottes & la Citrouille, & après les avoir laiſſés bouillir ſuffiſamment ensemble, dans ſix à ſept bouteilles d’eau, on les pétrit de façon à ce qu’elles puiſſent coûler à travers la paſſoire. L’eau qui en découle, étant agréable, on ne la rejette pas, comme on a dû faire de la précédente.

5°. Tout ce que nous venons de preſcrire étant exécuté, on revient à la marmite qui contient déja le Riz, & dans laquelle il faudra verſer les autres Ingrédiens ; ainſi elle doit être de grandeur ſuffiſante. On allumera de nouveau, du feu ſous cette marmite, dans laquelle on ajoutera ſix onces de Beurre & autant de Sel, qu’il aura fallu diſſoudre auparavant, dans ſuffiſante quantité d’eau chaude : on fera cuire doucement ce mêlange, en le remuant continuellement pendant l’espace de deux heures à deux heures & demie, au bout deſquelles, on jettera dans ladite marmite, deux livres de Pain briſé en très-petits morceaux, & l’on ſoutiendra le feu encore une demi-heure, après quoi le tout ſe trouvera en état d’être servi. Une cuillère de bois, capable de contenir une demi-livre de notre mets, étant plongée à deux reprises, dans la marmite, en retire la doſe ſuſſiſante pour la nourriture journalière d’un homme.

6°. Il est aiſé de concevoir qu’au défaut de quelques Ingrédients de la recette ci-deſſus, on y ſupplée par une plus grande quantité des autres. Suppoſé, par exemple, que le tems des Pommes de terre fraîches, fût paſſé, que, la première proviſion fût épuiſée, ou ce qu’il en reſteroit, ne valût rien, nous penſons que l’on pourra y ſubſtituer des Pommes de terre ſeches, ou des Poires auſſi deſſéchées.[1] Dans ce cas, nous conſeillons de les deſ-

  1. La Farine de Poires ſeches, peut non ſeulement ſuppléer celle de Pommes de terre ; mais les Pommes qui croiſſent ſur les arbres, ont auſſi été employées, étant fraiches, à faire de très bon Pain. L’invention de ce nouveau Pain économique, eſt due à M. le Chevalier Duduit de Mézieres, M. de Querlon, ce juſte & ſolide appréciateur des découvertes pré-