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& à bon marché, malgré la cherté des Vivres.

des Pauvres. La ſeconde année, on ſe contenteroit de lui donner moitié ſeulement de la ſomme de l’année précédente. Et pour les ſuivantes, il ne devroit plus avoir beſoin d’aucune aſſistance. Ce ſerait là un excellent moyen de hâter les améliorations d’une grande quantité de terres preſque inutiles, de prévenir la dépopulation, ou d’empêcher que les Villages ne fuſſent ſurchargés d’un très-grand nombre de miſérables abſolument dépourvus de toute eſpèce de reſſource.

Nous terminerons cette feuille par quelques réflexions qui nous paraiſſent importantes.

Par-tout où s’introduira l’uſage de notre Méthode, les Ouvriers qui la pratiqueront, ſe trouveront en état de vivre à l’aiſe, du produit de leur travail ; ils auront une nourriture bonne & ſaine ; & par l’épargne qui en réſultera, en comparaiſon de ce qu’ils dépenſent aujourd’hui, ils gagneront dix, vingt, trente & quarante fois plus qu’ils ne le font préſentement  : ils ſeront donc en état d’élever mieux leur famille, de ſe donner des vêtemens convenables, & de ſe procurer même quelque délaſſement au moyen de l’épargne qu’ils auront faite ſur leur néceſſaire.

Quantité de pauvres Habitants de nos Villages, forcés de vendre leurs denrées, leur foin, leur bétail, tout ce qu’ils poſſèdent enfin, pour ſubſtanter pendant quelques jours leurs enfants miſérables ne ſeront plus réduits à cette affreuſe néceſſité ; ils ſe trouveront alors en état de mieux cultiver leurs terres, & d’y recueillir des aliments dont ils ſe nourriront à bon marché, eux & leur famille ; ils éviteront une ruine prochaine, dont les triſtes effets réjailliſſent ſur le Pays. Ils ſeront de plus, en état de payer exactement les intérêts des prêts, & de rembourſer les avances qui leur auront été faites ; de ſupporter les charges de l’Etat ; de contribuer à ſa gloire & à ſa proſpérité. Quelle conſolation pour eux ! Quel bonheur pour la Patrie !

Enfin, (ſuppoſant toujours cette manière de ſe nourrir, in-