roient s'en nourrir. Son écorce préparée comme celle du chanvre, peut ſervir aux mêmes uſages. J'en ai fait des cordes très-fortes ; ſes tiges groſſes & ligueuſes, brûlent très-bien, & ſeroient une reſſource dans les Pays où le bois eſt rare, Sa moelle peut ſervir à taire des mèches, comme celle du ſureau.
La Pomme de terre beaucoup plus délicate que le Topinambour, ne réuſſit pas également par-tout, & ſes productions ſont toujours proportionnées à la bonne ou mauvaiſe qualité du sol, au plus ou moins d'engrais qu'on lui donne, & dont elle ne peut se paſſer. Il est vrai qu'elle enrichit le Cultivateur ; car non-ſeulement ce légume est celui de tous qui rend le plus à l’industrie humaine, en proportion de ce qu'il en reçoit, mais encore les ſoins que l’on ſe donne pour ſa culture, & les frais qu'elle exige, ſont amplement récompenſés par la récolte du Froment que l’on ſème ensuite. Cette Plante n'épuiſe point le sol, Les Anglois & les Allemands recueillent de très-baux Bleds ſur les terres où ils l’ont cultivée. Leurs méthodes ſont différentes, mais les réſultats sont également heureux.
Les Allemands donnent d'abord un ou deux labours à la terre ; & vers la fin d'Avril, ils y répandent du fumier qu'ils en enfouiſſent par un labour plus profond : en quelques cantons, on traverſe à plat, & on herſe ; enſuite, ſoit avec la charrue, ſoit avec des houes, on ouvre des ſillons de cinq à ſix pouces de profondeur, diſtants l'un de l'autre d'environ deux pieds : c'eſt dans ces ſillons que l’on dépoſe les Pommes de terre, entières ſi elles sont très petites, ou coupées par tronçon ; de façon cependant qu'il y ait un ou deux yeux à chaque morceau, enſuite on les recouvre : c'eſt ordinairement l’ouvrage des femmes & des enfants, qui jettent ces morceaux de Pomme de terre dans le ſillon, à environ ſix pouces de diſtance.
Lorsque les tiges ſe ſont élevées d'un demi-pied, on fouille la terre entre les rangées, pour les rechauſſer, & l’on répète encore la même opération quand elles ont atteint douze ou quinze pouces, ayant ſoin de ne pas couvrir celles qui ſe couchent.