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ſur l’uſage des Pommes de terre.


Ce qui a commencé à faire naître les ſoupçons de l’Auteur de la Lettre ſur l’uſage des Pommes de terre, eſt, dit-il, un paſſage de Mr. Tyſſot, dans ſon Traité ſur les Maladies des Gens du Monde (édition de 1770, page 267 ;) il dit y avoir lu que les Pommes de terre ſont placées dans la claſſe des alimens gras & viſqueux.

Mais cet Auteur aurait dû obſerver que Mr. Tyſſot, dans son Eſſai fur les Maladies des Gens du Monde, édition de 1770, après avoir parlé de ceux qui ont quelque viſcère obſtrué, des cauſes de ces obſtructions, de leurs différens ſièges, ce qu'il fait d'une manière très-abrégée, comme il eſt permis de le faire dans un Eſſai & non dans un Traité, propoſe enſuite, & de la même manière, les moyens que ces Perſonnes doivent employer pour leur guériſon ; les premiers, devant ſe tirer de la diète : il recommande au premier article, la ſobriété ; le ſecond, page 267, eſt conçu en ces termes.

«  2°. La plus grande attention à éviter tous les alimens gras & viſqueux, tels que les pieds, les têtes, les inteſtins d'animaux, les pâtiſſeries, tous les laitages, les châtaignes, les Pommes de terre, & en général tous les épaiſſiſſans. »

Il eſt facile de voir que Mr. Tyſſot défend aux Perſonnes obſtruées, les Pommes de terre, comme un aliment épaiſſiſſant ; mais il n'en interdit pas plus l’uſage aux Perſonnes ſaines, que celui des châtaignes, des laitages, des pâtiſſeries & des iſſues des animaux. L'anonyme, ſans doute, ne prétend pas non plus leur interdire tous ces alimens, parce que Mr. Tyssot juge avec raiſon, qu'ils ne conviennent pas aux perſonnes obſtruées.

Lorsqu’il s'agit de guérir un Malade, le premier ſoin d'un Médecin doit être de conformer la nourriture de ce Malade à ſa ſituation, de veiller avec la plus grande attention, à ce que la qualité des alimens dont il ſe nourrit, ſoit, autant qu'il eſt poſſible, oppoſée au caractère vicieux de ſes humeurs. Chez les Perſonnes obſtruées, elles tendent preſque toujours à l’épaiſſiſſe-