Page:Variétés Tome I.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dès aussi tost qu’il commence à s’ennuyer de ces crimes trop odieux, du premier mouvement qu’il remue sa main pour les accabler, tout cela s’en va en poudre, et n’en sort qu’une confusion miserable de ceux qui s’y sont arrestez. Voire encore, ce qui devroit effrayer davantage leurs imaginations, il fait d’ordinaire que celuy qui les a fait broncher en ces filez par ses belles promesses, c’est celuy qui les prent dedans, et leur fait endurer une fin miserable ; aussi est-ce le bourreau de la justice de Dieu, qui ne se plaist qu’en la perte des ames, et qui roule toutes ses machines pour les abismer au gouffre de damnation, où il leur fait puis après payer l’usure des maux et execrables parricides qu’ils ont attenté et mis en exécution sur leurs frères. C’est une chose du tout estrange de dire que l’homme se laisse tellement aveugler en soy-mesme qu’il perde tout sentiment et de l’humanité et de la religion, laschant ainsi la bride à ses passions pour executer les desseins de Satan sur les creatures, et bouchant l’oreille aux inspirations du ciel, qui luy font voir parmy les tenèbres de son erreur la deformité de ses pechez. Ils ne se soucient plus de salut, et logent toutes leurs espérances en morte paye en enfer, sans se soucier de rien, sinon d’estre compagnons du diable ; et celuy qui peut faire quelque acte dont l’abomination fasse dresser les cheveux, voire à ses compagnons, c’est celuy qui s’estime le plus gentil de la trouppe, et qui merite plus de salaire ; de façon qu’il n’y a meschanceté que ces maudits ne mettent en execution. D’où penserons-nous que cela provienne, sinon de ce qu’ils oublient entièrement